CME du CHU de Nantes

Je suis membre d’une CME (commission médicale d’établissement) depuis 1982 avec quelques interruptions lors de mon retour à Nantes. Cette assemblée était marquée par une vie participative et des débats de grande qualité. C’était le vrai parlement des médecins dans un hôpital. Certes, les consensus étaient souvent artificiels, la langue de bois y était abondamment employée mais, cahin-caha, les échanges étaient riches et fructueux avec une vraie participation du corps médical à la vie de l’établissement.

La loi HSPT est passée par là . Depuis de CME en CME, la CME du CHU de Nantes (elle se réunit une fois par mois environ) s’éteint à petit feu. Les présents sont de plus en plus clairsemés (bientôt des problèmes de quorum apparaîtront), les débats sont de plus en plus brefs, les échanges de plus en plus courts. Bref, la CME a été vidée de son sens, donc de son sang, tout cela par la force de la loi HSPT. Cette loi est caractéristique de la façon dont notre pays est gouverné : centralisation, centralisation et que pas une tête ne dépasse.

Si je veux bien croire que les difficultés actuelles justifient une prise en main stricte des dépenses de santé (je suis curieux de voir comment le secteur dit libéral sera traité), cela ne justifie en aucune façon de penser que seule la tête comprend les enjeux et a les moyens de trouver les solutions. Ces dernières années, les équipes médicales et para-médicales du CHU de Nantes en ont montré le contre-exemple. Elles ont su augmenter leur activité dans des proportions importantes permettant une réduction accélérée du déficit, conséquence d’une gestion non rigoureuse où la responsabilité des ces mêmes équipes est, pour le moins, marginale.

La solution à nos difficultés, n’est pas dans un centralisme exacerbé (nos sociétés sont beaucoup trop complexes. Un ancien directeur général du CHU avait même eu le courage de dire qu’il lui était impossible de connaitre parfaitement le CHU, tellement celui-ci était complexe.). La solution est dans la participation de tous les acteurs, en particuliers ceux du terrain, dans l’élaboration des solutions et leur mise en place. Aucun homme aussi brillant soit-il (l’onction du suffrage universel n’y change rien) ne peut appréhender la complexité de nos sociétés et trouver les solutions pertinentes. Que le cadre soit défini, que les objectifs soient précisés, mais dans le respect de tous et dans la reconnaissance des savoirs des acteurs quotidiens.

La loi HSPT va dans une mauvaise direction en concentrant à tous les niveaux toutes les décisions dans un petit nombre de main (une journée du directeur de la Sécurité Sociale m’a été racontée par un des acteurs de ce monde, c’est à la limite du ridicule tant les processus décisionnels sont concentrés dans une seule main. On ne peut pas prendre de décision pertinente avec un tel mode de fonctionnement), elles-même sous le contrôle de l’occupant de l’Elysée (n’est pas Napoléon qui veut et je ne pense pas que Napoléon ait été une bonne chose pour notre pays).

Il est temps d’arrêter cette évolution rétrograde. Le volontarisme n’a aucun sens quand on n’est pas capable de déterminer les chemins à prendre. Espérons que, dans l’avenir, nous aurons de vrai choix pour vraiment pouvoir choisir.

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