Trouvé sur le site de l’IFRAP : http://www.ifrap.org/Retraite-des-femmes-le-systeme-francais-plus-avantageux,11754.html
Le montant moyen des retraites perçues par les femmes est inférieur d’environ 40 % à celui perçu par les hommes, surtout dans le secteur privé. Les situations sont très diverses, mais certaines de celles qui ont vécu modestement tombent quasiment dans la misère et d’autres, habituées à une vie plus confortable, risquent de subir un changement complet de niveau de vie. Mais faut-il pour autant accuser le système de retraite français ? N’est-il pas déjà à certains égards plus avantageux pour les femmes ?
Retraite personnelle
Les retraites personnelles des femmes qui ont travaillé sont calculées exactement comme celles des hommes en fonction de leurs revenus au travail (pour simplifier, nous nous limiterons aux salariés du privé ou de la fonction publique). La seule différence est que leur espérance de vie à 60 ans est de 5 années supérieure à celle des hommes. Si les hommes ont 22 ans d’espérance de vie à la retraite, les femmes en ont 27. Les cotisations étant les mêmes pour les hommes et les femmes, celles-ci bénéficient donc d’une rentabilité de leurs cotisations personnelles et de celles de leurs employeurs de 22% supérieure à celle des hommes.
Retraite de réversion
Pour les retraites de réversion, le calcul est un peu plus compliqué. Ce sont en général les femmes qui en bénéficient, d’une part parce qu’elles vivent plus longtemps que les hommes et, d’autre part, parce qu’elles sont, en moyenne, plus jeunes que leur compagnon de 2,6 ans.
Grâce à leur longévité, les femmes bénéficient pendant 5 ans d’une retraite de réversion représentant à peu près 50% de la retraite de leur conjoint. Et en raison de l’écart d’âge dans les couples, elles bénéficient plus souvent que les hommes de 2,6 années supplémentaires de retraite de réversion. La somme de ces deux facteurs (7,6 années) représente une rentabilité supplémentaire des cotisations de leur conjoint d’environ 14 %. Ce calcul approché est valable pour les femmes dont le conjoint travaillait dans le public. Il l’est aussi pour celles dont le conjoint travaillait dans le privé et qui perçoivent la réversion de la retraite de la sécurité sociale, c’est-à-dire celles dont les ressources personnelles sont inférieures à un plafond voisin du SMIC (cette retraite de réversion est sous condition de ressource).
En additionnant les 2 facteurs, on peut estimer que les femmes bénéficient d’une rentabilité de leurs cotisations supérieure à celle des hommes d’environ 22% pour les célibataires et jusqu’à 34% pour les femmes mariées ou assimilées. Ces avantages sont automatiques et tout à fait indépendants de la situation familiale (nombre d’enfants) des retraitées.
Avantages familiaux
Le système de retraite accorde aussi plusieurs avantages retraite aux mères de famille (exemples : 8 trimestres de durée d’assurance par enfant dans le privé, majoration de 10 % pour les mères de 3 enfants dans la fonction publique). Ces avantages familiaux sont tout à fait justifiés (lire aussi Démographie : la face cachée des retraites) mais doivent-ils être pris en charge par l’assurance retraite ?
Les problèmes demeurent
Le fait que le système de retraites français soit très favorable aux femmes ne supprime pas les problèmes de nombreuses petites retraites, mais oblige à en chercher ailleurs la cause profonde : carrières interrompues, carrières heurtées, moindre implication dans leur métier, salaires inférieurs, divorces. Les responsables de ces problèmes sont en partie les entreprises, en partie les parents, en partie les enseignants, en partie les femmes, en partie les hommes et en partie (surtout ?) les couples eux-mêmes, à des degrés très divers suivant les cas. Ce sont ces problèmes de fond qu’il faut traiter, au lieu d’accuser le système français de retraite d’être injuste envers les femmes.
Philippe François