Enseignement Avançé d’OphtalmoPédiatrie et de Strabologie

Le Diplôme Universitaire de Strabologie et d’Orthoptie Avançée est mort. Vive l’Enseignement Avançé d’OphtalmoPédiatrie et de Strabologie !

L’observation des étudiants du DU a montré que les attentes des étudiants ont beaucoup changé depuis la fondation du DU. Il était temps de repartir sur d’autres bases.

Pourquoi pas un DU ? Cela aurait pu être une solution. Cependant, on comprendra aisément que les événements passés ont laissé des traces et qu’il n’y avait que deux choix : soit arrêter et attendre tranquillement le départ en retraite, soit repartir mais sur des bases totalement nouvelles. C’est la deuxième solution que nous avons retenu.

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Un cas exceptionnel ? A voir !

Une lectrice m’a laissé ces deux messages :

  1. Le 9 août 2012 à 15:13 « 

Toutes ces théories sur l’amblyopi me font bien rire. J’avais un oeil amblyope dénoncé par de nombreux ophtalmo durant 55 ans. Je suis allée chez un ostéopathe à Marseille qui a trouvé que j’avais un nerf de l’oreille « coincé ». Je n’ai pas du tout cru à son histoire mais en sortant de son cabinet, mon oeil amblyope y voyait parfaitement. J’ai jeté mes lunettes et consulté: ca n’a servi à rien, chacun étant convaincu que je n’avais jamais eu d’amblyopie puisque, à leur connaissance, à l’âge adulte, on n’en guérit pas… Dommage pour les mal voyants…
 »
  2. Le 1 février 2013 à 15:20 « 

Je pensais, naïvement sans doute, qu’un médecin spécialiste en ophtalmologie aurait au moins la curiosité de poser des questions sur cet oeil qui s’est brusquement mis à voir après 55 années d’amblyopie… Quand je pense à tous ces enfants dans les instituts pour non voyants pour qui cette simple manip pourrait peut-être rendre quelques dixièmes de vue, j’enrage… »

Je voudrais tout d’abord la rassurer. Ses messages ont bien été lus et bien lus et ont été pris à leur juste valeur, ce qui veut dire deux choses :

  • Premièrement, elle n’est pas la seule à avoir ce genre de discours. Au moins une fois par an, un(e) malade vient me voir avoir la même histoire. Seule la méthode change.
  • Deuxièmement, l’examen a jusqu’ici toujours trouvé une explication rationnelle soit une mauvaise estimation de l’acuité visuelle initiale (une myope forte unilatérale donne très souvent cette impression) soit une sur-estimation de l’état actuel.

Si cette charmante dame lit ce billet, je ne peux que l’encourager à voir un ophtalmologiste spécialisé dans cette pathologie et reconnu pour son expertise et d’envoyer les éléments des bilans antérieurs et actuels. Malheureusement, j’ai peur que cela ne soit pas suffisant. En effet, dans ces cas exceptionnels, la rigueur scientifique m’encourage à demander à cette dame de faire le voyage de Nantes afin que l’on mette en place les moyens de faire un bilan dans les règles de l’art.

 

 

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Evidence-based medecine

Le livre du Docteur Dupagne (voir ci-dessous) m’a donné l’envie de faire une petite recherche sur Internet sur ‘l’Evidence-based médecine’ ou très souvent appelé médecine par les preuves. On trouvera un article très bien fait sur Wikipédia : http://fr.wikipedia.org/wiki/Médecine_fondée_sur_les_faits

Une première difficulté vient sans aucun doute dans la traduction. Si « medecine » et « based » ne semble pas poser de problème, « Evidence » semble beaucoup plus ambigu. Si certes la traduction de « évidence » par « preuve » semble logique, on ne peut s’éviter de penser qu’il y a peut-être là un faux ami. La lecture de l’article de Wikipédia le confirme.

Reprenons un paragraphe de cet article : « Evidence peut se traduire par données probantes (au pluriel). « Evidence » peut également se traduire par preuves (au pluriel), ce qui est probant, c’est-à-dire ce qui fonde l’expertise du clinicien en conjonction avec la recherche clinique dite « externe », et non pas, comme on le croit fréquemment, les seules données probantes issues des recherches cliniques extérieures à l’expérience et au jugement spécifiques du médecin : « Sans l’expertise clinique, la pratique risque de tomber sous la tyrannie de la preuve, puisque même les plus excellentes preuves externes peuvent être inapplicables ou inappropriées au patient [spécifique dont nous avons la charge] ». En d’autres termes, pour que les données soient probantes, elles doivent être évaluées tant de l’intérieur que de l’extérieur de la dyade patient-médecin. « Evidence » renvoie à ces deux impératifs. »

Toujours dans ce même article , « la médecine fondée sur les faits conjugue :

  • L’expertise du clinicien. « Par expertise clinique individuelle, nous entendons la compétence et le jugement que chaque clinicien acquiert par l’expérience et la pratique cliniques. L’expertise se manifeste de plusieurs manières, mais surtout par des diagnostics efficaces et efficients ainsi que par un discernement approfondi et de la compassion dans son attitude face au ».
  • Le patient. « patient, l’épreuve qu’il ou elle vit, ses droits, et ses préférences ».
  • Les meilleures données cliniques externes. « Par meilleures données cliniques externes, nous entendons les recherches pertinentes sur un plan clinique, souvent issues de la recherche médicale fondamentale, mais surtout des recherches cliniques sur les tests diagnostiques centrés sur le patient (y compris les examens cliniques) les plus exacts et précis, sur la puissance des marqueurs pronostiques, et enfin sur l’efficacité et l’innocuité des schémas thérapeutiques, de réadaptation et de prévention. » »

Comme nous venons de le voir, « l’Evidence-based médecine » que l’on doit à Guyatt G (voir infra) semble avoir échappé aux concepts de son fondateur du moins dans la traduction « Médecine par les preuves » (la traduction par « Médecine fondée sur les faits » ne semble qu’un faible progrès). Peut-être faudrait se contenter en français de « Médecine par l’évidence » ? Mais reconnaissons que dans sa formulation d’origine, elle est une approche très raisonnable de la médecine.

Guyatt G, Cairns J, Churchill D, et al. [‘Evidence-Based Medicine Working Group’] « Evidence-based medicine. A new approach to teaching the practice of medicine. » JAMA 1992;268:2420-5.

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La revanche du rameur

La revanche du rameur est un livre écrit par Dominique Dupagne publié le 16 février 2012 chez Michel LAFON. Le docteur Dominique Dupagne est médecin généraliste et l’animateur du site : http://www.atoute.org/

J’ai reçu par courriel quelques citations extraites de son livre que je n’ai pas lu pour l’instant. Je n’ai pas pu vérifier leurs exactitudes. Cependant, ces extraits m’ont paru suffisamment  intéressant que j’ai souhaité les partager avec vous tant il me semble pertinent et bien refléter la situation actuelle. Vous trouverez ci-dessous quelques extraits. Vous trouverez également un .pdf qui vous donnera une idée plus complète de l’ouvrage.

« Aujourd’hui, impuissants face à ce désastre, nous paraissons résignés. L’humour disparaît de notre univers de travail. Notre espace de liberté se restreint sous la pression des directives, des normes et des procédures. »

« La médecine n’est pas seulement une sous-partie de la société qui gère notre santé. C’est aussi une voiture-balai, un dernier rempart contre la violence sociale, contre l’absurdité administrative. »

« L’idée principale de cet essai est que le mal qui nous ronge provient de notre organisation planifiée et hiérarchique elle-même, et non d’erreurs dans sa mise en œuvre. »

« Dans un environnement donné, il est parfois difficile de déterminer quand, pourquoi et comment le malaise a commencé. Nommons son principe général « dés/organisation » pour marquer son effet paradoxal : au prétexte de réorganiser, de mieux faire fonctionner les structures, il les désorganise et altère leur productivité. Deux de ses piliers sont la technocratie et le contrôle normatif. »

« La dés/organisation ordinaire est habituellement progressive et insidieuse. Son effet destructeur sur la productivité et l’inflation des coûts qu’elle entraîne sont souvent imputés à d’autres causes. Lorsque sa mise en place est suffisamment lente et bien préparée, il devient possible d’attribuer les problèmes qu’elle génère aux rameurs/agents de terrain. La fameuse « résistance au changement » des agents sera pointée du doigt et justifiera un renforcement de « l’effort pédagogique ». Cette projection de responsabilité permet de renforcer la dés/organisation. Elle est d’autant plus facile à légitimer, au moins officiellement, que la situation se dégrade réellement. »

« Les agents doivent donc en permanence tricher avec les procédures pour parvenir à faire leur travail, ce qui les fragilise si un problème survient : ils seront toujours fautifs. »

Pour télécharger les extraits du livre, cliquez sur ce lien : Dupagne

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Du tabac – Un article remarquable

J’ai lu (le 25/02/2012) cet article remarquable de Stéphane Foucart sur le site du Monde : http://www.lemonde.fr/societe/article/2012/02/25/les-conspirateurs-du-tabac_1647738_3224.html. Je le mets à votre disposition.

Il est intéressant de comparer la stratégie employée et celle de ceux qui contestent le réchauffement climatique. On peut également s’interroger sur la lutte anti-tabac.

Les conspirateurs du tabac

Stantford (Etats-Unis) – Si vous souhaitez rester convaincu que l’on fume parce que c’est agréable et que c’est ainsi, tournez la page. Vous avez tout à perdre à lire ce qui suit. Mais peut-être avez-vous envie de savoir pourquoi les gens fument et pourquoi il leur est aussi difficile de s’arrêter. De savoir pourquoi autant d’entre eux devraient en mourir. Et de comprendre pourquoi tout cela nous semble aussi normal. Pour cela, il faut entrer dans la salle des machines de la plus vaste entreprise d’ingénierie du consentement jamais menée à bien. C’est un endroit compliqué. C’est un enchevêtrement d’hommes et d’institutions devenus les rouages d’une subtile mécanique, capable d’infiltrer la culture et la science, de subvertir la médecine et de corrompre en masse. Et, pour vous guider dans ce dédale, Robert Proctor est la personne qu’il vous faut.

Robert Proctor, 57 ans, n’est ni un conspirationniste ni un hygiéniste acharné. Historien des sciences, professeur à la prestigieuse université Stanford (Californie), il est l’auteur de Golden Holocaust, un livre qui paraît ces jours-ci aux Etats-Unis et qui inquiète sérieusement l’industrie américaine du tabac. Au point qu’elle a eu recours à toutes les voies légales pour tenter de mettre la main sur le manuscrit avant sa publication. Sans succès.
Qu’y a-t-il dans ce pavé de 750 pages qui trouble tant des géants comme RJ Reynolds ou Philip Morris ? Il y a leurs propres mots. Leurs petits et grands secrets, puisés dans les mémos et les messages internes, dans les rapports confidentiels, dans les comptes rendus de recherche de leurs propres chimistes, de leurs propres médecins. Le fait est peu connu en France : cette précieuse et explosive documentation – les « tobacco documents » – est publique depuis la fin des années 1990. En 1998, le Master Settlement Agreement, qui clôt les poursuites engagées par 46 Etats américains contre les cigarettiers, ne comprend pas qu’un volet financier (le versement de 250 milliards de dollars – 188 milliards d’euros – échelonnés sur deux décennies), il ordonne aussi la mise dans le domaine public des secrets de l’industrie.
Infiltration
Des millions de documents, recouvrant plus de cinq décennies, ont ainsi été exfiltrés des quartiers généraux des grands cigarettiers et confiés à l’université de Californie à San Francisco, chargée de bâtir la Legacy Tobacco Documents Library, et de mettre sur le Net ce fabuleux corpus. Treize millions de documents, soit plus de 79 millions de pages, sont déjà numérisés. De nouveaux sont ajoutés chaque jour ou presque. C’est au prisme de ces archives que Golden Holocaust tente de raconter une histoire globale de la cigarette. Robert Proctor épluche les « tobacco documents » depuis plus de dix ans. De quoi devenir paranoïaque. Entre mille autres choses, il y a découvert que le professeur qui l’a recruté à Stanford, voilà de nombreuses années, avait secrètement émargé chez les géants du tabac. Il y a aussi compris pourquoi une de ses demandes de financement avait été refusée par la National Science Foundation (principale agence fédérale de financement de la recherche américaine) : celui qui examinait les dossiers touchait de l’argent du tabac…
Tous ceux qui ont passé du temps sur les « tobacco documents » sont peu ou prou arrivés aux mêmes conclusions. Les experts de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) en ont tiré un rapport explosif de 260 pages, publié en juillet 2000, montrant comment les cigarettiers avaient infiltré leur organisation grâce à des associations écrans ou à des scientifiques secrètement payés par eux. Le tout, bien sûr, pour entraver la mise en oeuvre de politiques de contrôle du tabac. Et lors des poursuites engagées en 1999 par l’administration Clinton, en partie fondées sur les « documents », les procureurs fédéraux ont plaidé que les manufacturiers américains du tabac ont « préparé et exécuté – et continuent à préparer et exécuter – un vaste complot depuis un demi-siècle pour tromper le public ».
5,5 millions de morts par an
La cigarette, ce sont d’abord des chiffres. Des chiffres colossaux. Chaque année, la cigarette tue plus que le paludisme, plus que le sida, plus que la guerre, plus que le terrorisme. Et plus que la somme des quatre. Plus de cinq millions et demi de vies emportées prématurément chaque année. Cent millions de morts au XXe siècle ; sans doute un milliard pour le siècle en cours.
Réfléchir au tabac donne le vertige et la nausée. Chaque année, il se produit suffisamment de cigarettes pour emplir 24 pyramides de Khéops. Leur combustion déposera quelque 60 000 tonnes de goudron au fond de poumons humains. On peut aussi aborder la question en se demandant ce que l’homme a inventé de plus inutilement dangereux pour lui-même : rien. « La cigarette, résume Robert Proctor, est l’invention la plus meurtrière de l’histoire de l’humanité. »
Il y a d’autres chiffres, d’autres calculs. « A chaque million de cigarettes fumées au cours d’une année, il y aura un mort prématuré dans les vingt-cinq ans qui suivent. C’est une loi qui est valable à peu près partout « , constate Robert Proctor. Cette macabre règle de trois a des applications inattendues. Comme celle de savoir combien de morts ont causé les mensonges des hauts cadres de « Big Tobacco ».
« Maintenir la controverse vivante »
Le 14 décembre 1953, les grands patrons du tabac se retrouvent discrètement à l’hôtel Plaza de New York. Quelques mois auparavant, des expériences menées sur des souris ont montré que le produit qu’ils vendent est cancérigène – ce que les médecins allemands savaient depuis les années 1920 –, et des journaux commencent à évoquer cette possibilité. Au terme de réunions avec le patron de Hill & Knowlton, conseiller en relations publiques, les géants du tabac se lancent dans une entreprise de propagande et d’instrumentalisation du doute scientifique qui retardera la prise de conscience des ravages de la cigarette. Il faut « maintenir la controverse vivante ». Un cadre de Brown & Williamson l’écrit dans un célèbre mémo, découvert dans les « tobacco documents  » : « Le doute est ce que nous produisons. » Avec succès. Ce n’est qu’en 1964 que les autorités sanitaires américaines commenceront à communiquer clairement sur le lien entre tabac et cancer du poumon.
Dix ans de retard. « Si on décale les courbes de la consommation du tabac, c’est-à-dire si on place en 1954 le début de fléchissement constaté à partir de 1964, on voit que 8 000 milliards de cigarettes « en trop » ont été consommées aux Etats-Unis. Elles n’auraient pas été fumées si le public avait su la vérité dix ans plus tôt, explique Robert Proctor. Cela représente environ huit millions de morts dans les décennies suivantes. » Les mensonges d’une demi-douzaine de capitaines d’industrie provoquant la mort de plusieurs millions de personnes ? Une fiction qui mettrait en scène une conspiration de cette ampleur serait taxée d’irréalisme ou de loufoquerie…
Tout ne commence pas en décembre 1953. D’autres manoeuvres sont plus anciennes. Le plan Marshall, par exemple. Le grand programme d’aide à la reconstruction de l’Europe dévastée par la seconde guerre mondiale a également été « mis à profit par les cigarettiers américains pour rendre les populations européennes accros au tabac blond flue-cured, facilement inhalable ». Tout est là. Le flue-curing est une technique de séchage des feuilles de tabac qui se répand largement aux Etats-Unis à la fin du XIXe siècle, et qui permet de rendre la fumée moins irritante, donc plus profondément inhalable. Or jusque dans la première moitié du XXe siècle, on fume encore, dans une bonne part de l’Europe continentale, du tabac brun, très âcre, beaucoup moins dangereux et addictif. Car plus la fumée peut pénétrer profondément dans les poumons, plus l’afflux de nicotine dans l’organisme est rapide, plus l’addiction qui se développe est forte. Et plus les dégâts occasionnés sur les tissus pulmonaires sont importants. « Au cours de la réunion de Paris (le 12 juillet 1947) qui a mis en mouvement le plan Marshall, il n’y avait aucune demande des Européens spécifique au tabac, raconte Robert Proctor. Cela a été proposé et mis en avant par un sénateur de Virginie. Au total, pour deux dollars de nourriture, un dollar de tabac a été acheminé en Europe. »
« Rendre les fumeurs le plus accro possible »
Le succès de la cigarette repose toujours, aujourd’hui, sur le talent des chimistes de « Big Tobacco » pour rendre la fumée plus douce, plus volatile, plus pénétrante. Les fumeurs, qui connaissent cette sensation de piquante fraîcheur aux poumons, tiennent pour naturel et normal de fumer ainsi. « Avaler » la fumée, dit-on. C’est au contraire le résultat d’une chimie pointue et compliquée. Plusieurs centaines de composés – accélérateurs de combustion, ammoniac, adjuvants divers, sucres, etc. – sont ajoutés au tabac. Ils rendent la fumée moins irritante, plus inhalable. « On peut dire que la cigarette est véritablement un produit défectueux en ce sens qu’il est beaucoup plus nocif qu’il ne devrait « normalement » l’être… Il est modifié pour rendre les fumeurs le plus accro possible et cela le rend plus dangereux », explique Robert Proctor.
Parfois, ce qu’on retrouve dans les cigarettes n’a pas été ajouté par les chimistes de l’industrie, mais par les caprices de la nature. Ainsi du polonium 210. Pour des raisons non encore éclaircies, la feuille de tabac a une détestable propriété : elle fixe et concentre cet élément radioactif naturellement présent dans l’environnement à des teneurs infimes. Les « tobacco documents » montrent que, dès les années 1950, l’industrie a découvert cette vérité qui dérange. Elle ne divulguera rien. Les premières publications indépendantes sur le sujet n’interviendront qu’au milieu des années 1960…
Golden Holocaust raconte par le menu comment les cadres de l’industrie ont réagi à ce « petit souci » de qualité du produit fini. Et le luxe de détails prodigués par les « tobacco documents » fait basculer dans un univers sidérant. Dans un premier temps, les cigarettiers cherchent à se débarrasser de cet élément radioactif. Ils font mener des travaux qu’ils gardent secrets. Car les publier pourrait « réveiller un géant endormi » (« waking a sleeping giant », dans le texte), écrit un cadre de Philip Morris à son patron, en 1978, ajoutant : « Le sujet va faire du bruit et je doute qu’il faille fournir des faits. »
Plusieurs solutions sont découvertes. Changer d’engrais ? Traiter les feuilles de tabac à l’aide d’un bain d’acide ? Sélectionner les feuilles les moins chargées en polonium ? Aucune de ces solutions ne sera, semble-t-il, retenue. Car résoudre ce problème ne procure pas d' »avantage commercial « , selon l’expression d’un haut cadre de RJ Reynolds, consignée dans les documents. Le passage des feuilles de tabac par un bain acide, par exemple, contraindrait à une « gestion spécifique » d’effluents radioactifs. Cela coûte de l’argent.
« Une forme d’esclavage »
Surtout, redoutent les industriels, ce traitement pourrait affecter les propriétés chimiques de la nicotine, la rendant moins efficace à entretenir leur capital le plus précieux : l’addiction. Et puis, mieux vaut ne pas mettre sur la place publique ce problème, même si c’est pour annoncer l’avoir résolu. Dans les années 1980, Philip Morris ferme son laboratoire ad hoc. Surtout, ne pas réveiller le « géant endormi ».
Quelque trente années plus tard, il dort toujours d’un sommeil de plomb. Combien de fumeurs savent qu’ils ont dans la poche un paquet de 20 tiges légèrement chargées de polonium 210 ? Combien savent qu’un paquet et demi par jour équivaut – selon une évaluation publiée en 1982 dans le New England Journal of Medicine – à s’exposer annuellement à une dose de rayonnement équivalente à 300 radiographies du thorax ? Combien savent que ce polonium 210 est responsable d’une fraction non négligeable des cancers contractés par les fumeurs ? Lorsqu’on sait, il y a quelque chose de tristement effarant à voir des militants antinucléaires griller une cigarette lorsqu’ils attendent, pour les intercepter, les convois d’oxyde d’uranium de l’industrie nucléaire ; eux-mêmes introduisent dans leur organisme un radioélément qui les irradiera de l’intérieur…
On mesure le succès d’une entreprise de propagande à l’aune de ce genre de paradoxe. Il y en a d’autres. Par exemple, le plaisir procuré par la cigarette. « C’est une pure fabrication de l’industrie, répond M. Proctor. C’est une différence fondamentale avec d’autres drogues comme l’alcool et le cannabis. La cigarette n’est pas une drogue récréative : elle ne procure aucune ébriété, aucune ivresse. » Elle ne fait que soulager celui qui est accoutumé au tabac, elle le rend fonctionnel. « C’est écrit en toutes lettres dans les documents : fumer n’est pas comme « boire de l’alcool », c’est comme « être alcoolique », dit Robert Proctor. Parmi ceux qui aiment la bière ou le vin, seuls 3 % environ sont accros à l’alcool. Alors qu’entre 80 % et 90 % des fumeurs sont dépendants. C’est une forme d’esclavage. »
Propagande
Pourtant, l’American Civil Liberties Union (ACLU) – l’équivalent de notre Ligue des droits de l’homme – a fait campagne au début des années 1990 pour la « liberté » de fumer sur le lieu de travail. Mais il est vrai que la prestigieuse ACLU venait, elle aussi, de toucher quelques centaines de milliers de dollars de l’industrie du tabac… « Comment peut-on parler de liberté lorsque 90 % des fumeurs interrogés disent vouloir s’arrêter sans y parvenir ? » Le novlangue d’Orwell n’est pas loin. « La guerre, c’est la paix », « l’amour, c’est la haine » professait le Parti omnipotent de 1984. Dans le monde du tabac, « l’esclavage, c’est la liberté ».
Et ce message fait mouche. Les adolescents voient souvent dans la cigarette une manifestation d’esprit rebelle. Convaincre qu’inféoder ses fonctions biologiques à de grands groupes industriels tient de la rébellion, voilà un tour de force marketing, dont le projet est inscrit en toutes lettres dans les « tobacco documents » : il faut vendre aux jeunes l’idée que fumer procède d’une « rébellion acceptable ».
Créer de toutes pièces des réflexes mentaux dans la population – qui ne résistent ni à l’analyse critique ni même au simple bon sens – est la part la plus fascinante de cette histoire. C’est le fruit d’investissements lourds. Depuis des décennies, les apparitions des marques de cigarettes dans le cinéma hollywoodien sont millimétrées, à coups de millions de dollars. D’autres millions sont investis par l’industrie dans la recherche biomédicale académique : non pour trouver des remèdes aux maladies du tabac mais, très souvent, pour documenter des prédispositions génétiques à des maladies, attribuées ou non à la cigarette… « Des sommes colossales ont été injectées par le tabac dans la génétique fonctionnelle, au détriment des travaux sur les facteurs de risques environnementaux, dont le tabac, explique Robert Proctor. Cela crée ce que j’appelle un « macrobiais » dans la démarche scientifique. Cela contribue à développer l’idée que les maladies sont programmées en nous et qu’on n’y peut rien. »
Infiltration de la culture, infiltration de la science. Il restait à Robert Proctor à en découdre avec sa propre discipline. « J’ai aussi cherché les rats dans ma propre maison », déclare-t-il. Une cinquantaine d’historiens – la plupart financés ou secrètement payés par les cigarettiers – ont formulé lors des procès du tabac des témoignages favorables aux industriels. Dans les « tobacco documents », les cigarettiers parlent de développer une « écurie » de savants. Seuls deux historiens américains – dont l’auteur de Golden Holocaust – ont témoigné du côté des malades.
L’histoire est un enjeu important, crucial même. « Aborder l’histoire d’une certaine façon, conclut le professeur de Stanford, comme, par exemple, dans cette étude présentant « les origines de la controverse du tabac dans l’Angleterre du XVIIe siècle », permet de normaliser un phénomène qui, regardé autrement, serait simplement intolérable. » Il faut inscrire la cigarette comme une variable banale de l’Histoire longue pour occulter le caractère inédit de l’addiction de masse qui s’est développée depuis le milieu du siècle dernier.
Peser sur l’histoire et les sciences sociales pour fabriquer le consentement. Philip Morris a formalisé ce projet en 1987 sous le nom de Project Cosmic – un plan destiné à « créer un réseau extensif de scientifiques et d’historiens partout dans le monde », toujours selon les « tobacco documents « . « Il s’agissait de recruter des savants dont les travaux ou les idées pourraient contribuer à forger une « narration » favorable aux industriels », explique Robert Proctor.
Cas pratique, parmi tant d’autres. Dans les années 1990, l’historien travaillait sur un sujet original et peu défriché : les politiques de santé publique dans l’Allemagne nazie et la guerre qu’Hitler avait déclarée à la cigarette. L’un de ses articles sur le sujet fut accepté en 1997 par le Bulletin of the History of Medicine. Mais, quelques années plus tard, la revue a refusé un autre de ses articles  – cette fois sur l’industrie américaine du tabac. Lorsqu’une étude permet de nourrir un amalgame entre contrôle du tabac et totalitarisme, elle est acceptée ; lorsqu’elle dérange les industriels, elle est rejetée… Pour comprendre, dit Robert Proctor, « il suffit de regarder la composition du comité éditorial de la revue et les liens financiers de certains de ses membres avec le tabac ». Les chiens de garde du Project Cosmic surveillaient les portes de la revue savante.
Contactés par Le Monde, les cigarettiers cités n’ont pas souhaité commenter les travaux de M. Proctor.

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La FNRO et le DU de Strabologie

La FNRO (Formation Nantaise et Recherche en Ophtalmologie) est une association suivant la loi de 1901 qui gère toutes les formations que nous organisons depuis 1989. Elle organise plusieurs réunions par an :

  • Le Strabisme en Pratique Quotidienne ;
  • La Réfraction ;
  • Le colloque ;
  • Strabo-Lyon ;
  • La Chirurgie du Strabisme.

Par ailleurs, elle était co-organisatrice du DU de Strabologie permettant une vie plus conviviale entre les étudiants, les orateurs et l’organisation, vie qui était appréciée par l’ensemble des présents.

C’est cette relation qui a été considérée comme « incestueuse » par les autorités de tutelle. De ce fait pour clarifier la situation et afin de repartir sur des bases strictement en accord avec la réglementation, il a été décidé de suspendre le DU pendant l’année 2011-2012. Pour les mêmes raisons, j’ai préféré arrêter complètement l’activité de la FNRO pendant l’année universitaire 2011-2012.

A priori, la FNRO reprendra son activité avec le colloque 2012 dont le sujet a été fixé. Toutes les formations habituelles (voir supra) auront lieu pendant l’année universitaire 2012-2013. Cependant, il existe une incertitude liée à la nouvelle réglementation de la FMC qui présente de nombreux points d’interrogation.

Pour le DU de Strabologie, l’avenir est plus incertain  pour deux raisons :

  • La première est la charge de travail des années 2012 et 2013 qui sont marquées par la Rapport à la SFO et la conférence à l’ESA 2013.
  • La deuxième est que l’Université fait peser des contraintes lourdes sur le financement. De ce fait, je crains que celui-ci devienne fort onéreux et soit peu accessible  pour les DES (950 €) et pour les orthoptistes et les ophtalmologistes (1900€). Il faut bien comprendre que l’ensemble des prestations d’accompagnement (repas du midi, inscription gracieuse aux colloques, etc.) sont supprimées. Point important, le budget prévisionnel a été établi par les services compétents de l’Université. Dans la nouvelle maquette, il est prévu que le DU ne durera qu’un an (novembre à juin).

Pour toutes ces raisons, l’avenir du DU est encore en pointillé.

 

PS. Si vous lisez ce blog, n’hésitez pas à donner votre avis sous forme de commentaire.

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Un événement (un livre indispensable) : Le livre de Martine Santallier

Fin 2011, le livre de Martine Santallier (Motricité et sensorialité oculaire : l’examen) est paru. Ce livre fera date. En effet, c’est le seul livre en langue française qui étudie pas à pas les bases de l’examen orthoptique et strabologique. Par son originalité, par la clarté de la démarche (on reconnaît le sens pédagogique et la démarche rigoureuse de l’auteur), il est le livre que tout débutant dans l’examen sensori-moteur doit avoir.

Il est le livre indispensable à tout étudiant-orthoptiste et de tout DES en ophtalmologie.

Cependant, l’examinateur aguerri trouvera également de nombreuses précisions qui lui permettront de progresser dans cet examen de tous les jours.

Ce livre doit être dans toutes les bibliothèques de ceux et celles qui s’intéressent à cette pathologie.

Pour commander l’ouvrage (S éditions) chez l’éditeur (79 €), cliquez sur ce lien.

Isbn 978-2-35640-084-0

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Année 2011 – Le bilan

L’activité de ce blog a été très réduite pendant l’année 2011. La raison en est une année très contrastée marquée par de grandes joies (la naissance d’une petite fille et d’un petit garçon) et de graves problèmes personnelles (Espérons que ceux-ci soient dernière nous !).
Par ailleurs, l’année 2011 a été marquée par l’arrêt du DU de Strabologie pour des raisons sur lesquelles nous reviendrons.
Espérons que l’année 2012 soit plus calme permettant de réactiver ce blog que certains d’après vous apprécient particulièrement.
A bientôt.

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Bonne année 2012

Permets-moi de vous souhaitez une bonne année 2012. Qu’elle vous apporte la paix et la joie. Bonne année

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Ces médecins-journalistes « clients » des laboratoires

Par Nolwenn Le Blevennec | Rue89 | article trouvé à : http://www.rue89.com/2011/02/02/ces-medecins-journalistes-clients-des-laboratoires-188616

Les journalistes santé sont-ils des vendus ? Christian Lajoux, président du Leem, syndicat des entreprises du médicament, parle de liens « réguliers », mais pas « étroits » entre la presse et l’industrie pharmaceutique.
En réalité, la presse professionnelle est infiltrée par les laboratoires, qui assurent sa survie par la publicité. C’est moins connu, les médias grand public sont également sous influence.
« Les labos essaient de nous faire animer des table rondes, ce sont des missions très bien rémunérées. Il y a ceux qui refusent, comme moi, les précaires qui ont besoin de compléter leurs fins de mois, et ceux qui n’hésitent pas à mélanger les genres », raconte un journaliste (vertueux) en charge de la santé dans un grand quotidien.
Selon Eric Giacometti, auteur du livre d’enquête « La Santé publique en otage » (éd. Albin Michel, 2001), dans le secteur, les journalistes ne sont pas nombreux à être complètement « clean ». Difficile de résister aux labos. Au moment de la sortie de son livre, le prix pour l’animation d’un congrès sur deux jours équivalait à une fois et demie le salaire d’un journaliste.
C’est ce qu’on appelle des « ménages ». Plus grave, les « médecins-journalistes », qui prennent la parole sur des médias généralistes et grand public tout en étant particulièrement proches de l’industrie pharmaceutique. Ils ont été ou sont des quasi salariés des laboratoires et comme ils n’ont pas de carte de presse, ils ne voient pas où est le problème.
Voici trois exemples, parmi les plus emblématiques.
Jean-François Lemoine (Nouvel Observateur, France Info)
Jean-François Lemoine, chroniqueur au Nouvel Observateur et sur France Info, était encore le propriétaire et PDG de MVS-Productions, il y a deux mois. Il a vendu la société qu’il a créée à Publicis, parce qu’elle avait un bilan déficitaire – il continue d’y travailler.
MVS est une boîte de production de films institutionnels et publicitaires pour les laboratoires. Elle édite aussi plusieurs sites internet, avec le soutien financier de l’industrie pharmaceutique. Comme Diabete2-patients, un site destiné aux diabétiques financé par Servier Médical. Un confrère interroge :
« Que penser alors quand depuis un congrès de cardiologie à Munich [où les frais de déplacement sont pris en charge par MVS, ndlr], il fait sur France Info une chronique pour vanter les effets du Procoralan, la dernière merde de Servier ? »
Jean-François Lemoine ne se souvient pas de cette chronique. Il assure ne jamais citer le nom des médicaments à l’antenne (seulement les molécules) et rappelle qu’il présente son programme en duo avec Jean Leymarie, ancien membre de la SDJ (société de journalistes). Lequel nous a téléphoné pour témoigner de l’honnêteté de son confrère.
Le médecin dirige encore Fréquence Médicale, qui comprend Radio IFM, FréquenceM et Le Kiosque santé. Radio IFM, entièrement financée par Sanofi, propose de la formation continue destinée aux médecins. La revue de presse santé est quant à elle soutenue par le Leem. Jean-François Lemoine :
« C’est dégueulasse d’appeler ça “Radio Sanofi”. C’est trop facile. Les laboratoires financent aussi des projets intéressants. Je demande à ce qu’on écoute toutes les émissions. Je n’y fais pas de promotion de médicaments. »
Dans une lettre publiée sur le site Formindep, un médecin s’indigne pourtant de la partialité d’une émission sur Radio IFM consacrée au Multaq (dronédarone) produit par le laboratoire Sanofi.
Philippe Chaffanjon, directeur de la rédaction de France Info :
« Avec Jean-François Lemoine, nous avons parlé de la situation dans le passé. Nous en avons reparlé à l’occasion du Mediator. Il m’a apporté des réponses qui m’ont semblé satisfaisantes : il n’est plus propriétaire, mais salarié de MVS. »
Il l’a dit à Philippe Chaffanjon : Lemoine serait prêt à démissionner de la presse grand public pour continuer ses activités chez MVS-Productions.
Alain Ducardonnet (TF1, LCI)
Le consultant de TF1/LCI a récemment participé à l’émission Arrêt sur images, présentée par Daniel Schneidermann. A cette occasion, la documentariste Stéphane Horel et Bruno Toussaint de la revue (très indépendante) Prescrire, lui ont demandé de déclarer ses conflits d’intérêts au nom de la loi (Article R 4113-110 du code de la santé publique).
Il a déclaré faire des sessions de formation médicale continue (FMC) pour les laboratoires Menarini, AstraZeneca, Ipsen, Bayer et Novartis. Joint par Rue89, il précise :
« Dans le cadre du club des cardiologues du sport que j’ai créé, j’interviens pour des formations mises en place par des laboratoires. Ce n’est pas un lien direct, mais un rapprochement. Ces cinq laboratoires sont ceux avec lesquels j’ai travaillé au cours de la dernière année. »
Dès lors, est-il parfaitement honnête quand il fait une chronique LCI sur un nouveau médicament Bayer, le Rivaroxaban, par exemple ?
Le journaliste a également été l’ancien président du Collège national des cardiologues français, « dont Servier était la vache à lait », dit un confrère. Le laboratoire était, avec beaucoup d’autres, un des « majors sponsors » des journées de congrès, organisées par le collège : « C’est le mode usuel de financement des congrès », répond Ducardonnet.
Enfin, s’il ne figure plus dans la rubrique « présentation de l’équipe » de MVS-Productions, la boîte de son confrère Jean-François Lemoine, il en est un présentateur-animateur star. Et surtout, « écouleur » de contenus sur TF1/LCI.
LCI : « Nous n’avons pas fait d’enquête de voisinage »
Prenons l’exemple du congrès de cardiologie de Chicago, en novembre 2010. Alain Ducardonnet y a été invité par un laboratoire dont il ne souhaite pas révéler le nom parce que cela relève du domaine privé (ce n’est pas TF1 qui a pris en charge les frais).
Sur place, « pour des raisons pratiques », il couvre l’événement en utilisant la logistique de MVS-Productions. Une interview du cardiologue Gilles Montalescot est disponible sur LCI (à la deuxième minute) et sur le site Medical-Congress, édité par MVS.
« Le prêt de matériel, c’est une gentillesse entre confrères [Jean-François Lemoine, ndlr]. En aucun cas, je n’ai de contrat avec MVS-Productions. Jean-François Lemoine a une société, ce n’est pas du tout la même chose. »
Alain Ducardonnet affirme qu’il n’a pas à rougir de ses deux casquettes : « [C’est] tout à fait compatible, tout à fait faisable. »
Laurent Drezner, directeur de la rédaction de LCI :
« Il est un cardiologue très réputé qui explique des choses très compliquées de façon très simple. Nous nous sommes posés la question des conflits d’intérêts, mais n’avons pas fait une enquête détaillée de CV ou une enquête de voisinage. »
Michel Cymes (France 5)
C’est l’animateur blagueur de la chaîne France 5. Le médecin-journaliste le plus côté de Facebook. Pourtant, dans les années 90, quand il travaillait à France Info, il était connu pour faire des « ménages » à un niveau industriel. Michel Cymes :
« J’ai arrêté d’animer des congrès depuis environ dix ans. Je suis plus mis en avant dans mon métier, on évolue, j’ai décidé de couper tous les contacts. Je n’en ai plus besoin pour bien gagner ma vie. »
Mais sa société, Medical Debat, dont l’objet social est l’organisation de foires et de congrès, fait en 2008, un résultat net de 49 000 euros (216 000 euros de chiffre d’affaires). Michel Cymes :
« Je suis associé dans cette société avec Alain Ducardonnet. Je l’utilise pour des questions de facturation. Quand je sors un bouquin, une partie est versée dans cette structure. Aucun euro ne provient des labos. »
Il y a plus de dix ans, le médecin-journaliste avait déjà mélangé les genres : il avait participé à un film publicitaire des laboratoires Pfizer utilisant un plateau de France 3 (en présence de la présentatrice Laurence Piquet).
Certains médecins considèrent le journaliste comme proche des « urologues » depuis qu’il a fait, il y quelques semaines, une campagne de publicité très contestée pour le dépistage systématique du cancer de la prostate. L’une de ses proches :
« Je pense que c’est plutôt pour parfaire son image. Il aime beaucoup les médias. »
Michel Cymes :
« Je ne suis pas ami avec les urologues. Seulement avec ceux qui sont sur la photo. Cette campagne avait pour but de dédramatiser un dépistage, c’est tout. Je laisse mes détracteurs délirer. »
Selon une source : à la rédaction du « Magazine de la santé », les journalistes ne partent jamais en voyage de presse, ne subissent aucune pression et traitent « très peu l’actualité des médicaments ».
A une lettre envoyée par Formindep qui lui reprochait de ne pas communiquer ses conflits d’intérêts potentiels, Michel Cymes a répondu :
« Mes fonctions dans l’information médicale depuis quinze ans m’ont amené à prononcer à de très nombreuses reprises le nom de substances ou de produits thérapeutiques. Confirmer dans chacune de mes interventions, que je n’ai aucun lien avec des entreprises commercialisant des produits de santé, alourdirait quelque peu le propos. »
Christian Lajoux, président du Leem, syndicat des entreprises du médicament, assure vouloir régler le problème :
« Il y a conflit d’intérêts quand les coopérations entre presse et industrie induisent des avantages qui sont cachés.
Nous travaillons en ce moment sur un programme de déclaration des liens qui lient les professionnels à nos adhérents inspiré du Sunshine Act américain, qui pourrait prendre la forme d’un site internet. Pour le moment la Cnil [Commission nationale de l’informatique et des libertés, ndlr] nous freine, au nom de la protection de la vie privée. »

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