Nous (mon épouse et moi) avons eu la chance de vivre en Tunisie d’avril 1974 à juillet 1975. Nous y avions fait un séjour particulièrement agréable (un voyage de noce de 15 mois !). Nous y avions apprécié tout particulièrement le sens de l’accueil des Tunisiens.
Pendant ce séjour, nous avions déjà noté le caractère policier du régime (c’était Bourguiba qui était au pouvoir) qui était flagrant pour nous jeunes français. Mais ils nous avaient semblé qu’il y avait un véritable respect pour l’homme de l’indépendance.
Des contacts professionnels ont fait que depuis mon retour à Nantes, j’ai eu l’occasion de retourner plusieurs fois en Tunisie et établir des relations dépassant le cadre professionnel avec certains de mes collègues tunisiens. L’accueil a toujours été aussi chaleureux qu’en 1974 et c’était toujours un plaisir de prendre la direction de l’aéroport de Tunis-Carthage. Cependant, la lecture des journaux dans l’avion laissait déjà entrevoir une dérive policière du régime avec un développement anormal du culte de la personnalité du Président. L’arrivée à Tunis et l’observation de l’omniprésence des forces de police confirmaient les craintes de la lecture des journaux. La dérive policière était une évidence.
L’interrogation des collègues montrait une apparente tolérance à cette dérive (il n’est pas facile de parler de ses soucis de famille à l’autre). Cependant, si l’apparente sécurité apportée par le régime de Ben Ali pouvait sembler « tolérable », la politique de rapines du clan la rendait intolérable. Cela me semblait une évidence et j’étais fort surpris que ce peuple cultivé tolère cette situation.
La suite allait montrer l’exactitude de ce constat.