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Acuité visuelle et nystagmus.


Bonne acuité visuelle et nystagmus, comment l’expliquez-vous ?


Très schématiquement (c’est une vielle classification mais qui est intéressante sur le plan didactique), il existe trois types de nystagmus :
  • Les nystagmus d’origine sensorielle, où les nystagmus sont la conséquence d’une mauvaise acuité visuelle. Ce sont les plus fréquents.
  • Les nystagmus moteurs. Ceux-ci se divisent en deux grandes variétés :
    • Ceux où le point zéro du système oculomoteur (le droit devant) est déplacé. Les yeux sont alors soumis en permanence à une force de rappel qui les ramène vers une position décentrée du regard (phase lente du nystagmus). Ils peuvent s’accompagner d’une bonne acuité visuelle.
    • Ceux où le système est instable. Ils sont dus à un dérèglement des réseaux neuronaux, situés dans le tronc cérébral (environ les mêmes que précédemment), qui contrôlent la position des yeux.

  • Les nystagmus latents. Ils sont intimement liés aux strabismes précoces et sont toujours d’origine ophtalmologiques.

Conclusion : on distingue trois grandes variétés de nystagmus.

L’acuité visuelle dépend-elle du battement du nystagmus ?


Oui et non.
  • Oui


    En effet, on sait que, pour qu’une image soit perçue par le système visuel, il faut qu’elle se déplace à une vitesse inférieure à 5 degrés par seconde. Le moment où l’œil remplit cette condition s’appelle le temps de fovéation. Plus ce temps est long, plus la performance visuelle est bonne. Donc, l’élément moteur joue sur la performance visuelle.
  • Non


    Dans la réalité clinique, on se rend compte que le nombre de patients pour lesquels l’élément moteur est prédominant sur la composante sensorielle diminue d’études en études. Plus les investigations sont sophistiquées plus la part sensorielle augmente. Dans l’immense majorité des cas, les nystagmus ophtalmologiques sont d’origine sensorielle bien qu’il existe un petit contingent d’origine motrice.

Conclusion : il y a une relation entre le dérèglement moteur et la performance visuelle. Cependant, le plus souvent, c’est la performance visuelle qui est responsable du nystagmus et non l’inverse.

Une bonne acuité visuelle d’un œil suffit-elle ?


Malheureusement non. L’expérience clinique démontre que l’acuité visuelle de l’œil le plus faible est aussi importante que l’acuité visuelle du « bon » œil. Il faut s’acharner à obtenir la meilleure acuité visuelle possible du « mauvais » œil.
Conclusion : dans un nystagmus l’acuité visuelle du « mauvais » œil est aussi importante que celle du « bon » œil. L’acuité visuelle de chaque œil doit être la plus élevée possible.

Comment obtenir la meilleure acuité visuelle du bon œil ?


Le seul moyen à notre disposition est de projeter sur la rétine l’image de la meilleure qualité possible sur la rétine. De ce fait, il faut corriger le plus parfaitement les défauts optiques par une paire de lunettes.
Conclusion : la correction optique du moindre défaut visuel est un impératif absolu.

À quel âge, connaît-on l’acuité visuelle « définitive » ?


La présence d’un nystagmus ralentit de façon importante la maturation de la fonction visuelle. Par ailleurs, les effets bénéfiques des traitements sont lents voir très lents. De ce fait, il faut beaucoup de patience avant de connaître l’acuité visuelle « définitive ».
Conclusion : sauf élément péjoratif certain, il faut souvent attendre l’âge de 10 ans pour connaître la fonction visuelle définitive.

Comment peut-on améliorer l’acuité visuelle du mauvais œil ?


Cette question se pose essentiellement s’il existe un strabisme associé. La seule façon vraiment efficace pour améliorer l’acuité visuelle du mauvais œil est après avoir donné une correction optique juste, l’occlusion, l’occlusion, l’occlusion… Si cette phrase est valable chez tous les strabiques, elle est encore plus vraie chez les nystagmiques (je n’en détaillerai pas les raisons). Nous avons amélioré nos résultats de façon importante depuis que nous avons augmenté de façon importante les temps et la durée de l’occlusion. Je sais que cela est parfois choquant voir intolérable pour certaines familles. Mais avec la correction optique totale, c’est la seule méthode qui a fait preuve de son efficacité. Il faut occlure, occlure, occlure même en cas de nystagmus latent (même si l’école nantaise a dit le contraire il y a trente ans).
Par ailleurs, certains thérapeutes souvent non-ophtalmologistes (malheureusement, on trouve parfois des ophtalmologistes qui partagent cette opinion non fondée), sont opposés à l’occlusion. On ne peut que le regretter.
Dans la réalité clinique, l’amélioration de l’acuité visuelle du mauvais œil s’accompagne souvent d’une diminution (discrète mais nette) du nystagmus et d’une amélioration de l’acuité visuelle du bon œil (même s’il peut baisser dans l’immédiat) confirmant les explications physiopathologiques précédentes.
Conclusion : l’amélioration de la fonction visuelle du mauvais œil est un objectif essentiel de la prise en charge.

Si l’acuité visuelle augmente, le nystagmus diminue-t-il ?


La relation entre nystagmus et acuité visuelle est démontrée tous les jours. En effet, dans les enfants pris en charge pour une cataracte congénitale précoce, l’amélioration de l’acuité visuelle s’accompagne d’une amélioration du nystagmus et, chez les tout-petits, quand on ne peut pas mesurer finement l’acuité visuelle l’amélioration du nystagmus est un excellent critère d’amélioration du nystagmus.
Conclusion : les deux (nystagmus et acuité visuelle) vont la main dans la main mais en sens opposé.


Date de la dernière mise à jour du contenu de la page : Mai 2010