Introduction
Un léger astigmatisme non corrigé est source d’inconfort visuel, d’irritation oculaire et de céphalées orbito-frontales. Sa correction est donc essentielle. Comment le reconnaître et le corriger au mieux ? La méthode du cylindre croisé, plus importante que le cylindre de Jackson en lui-même, constitue la technique de base d’une correction minutieuse.
Son but
Reconnaître un léger astigmatisme (éventuellement un astigmatisme résiduel, en cours de correction) et vérifier l’utilité de sa correction.
Son principe
La méthode du cylindre croisé est une méthode de réfraction subjective, c’est-à-dire qu’elle requiert la participation du sujet examiné.
Elle consiste à ajouter une correction cylindrique de 0,50 sans modifier l’équivalent sphérique de la correction en place. Cela s’obtient en ajoutant un cylindre de 0,50 ∂ de même signe que la correction sphérique en place et en réduisant en même temps celle-ci de 0,25 ∂, c’est-à-dire de la moitié de la valeur du cylindre.
Le « cylindre de Jackson » est une lentille d’une puissance sphérique de ‑0,25 ∂ et cylindrique de +0,50 ∂ (ou, ce qui revient au même, de +0,25 ∂ sphérique et de ‑0,50 ∂ cylindrique) (figure n° 1) ; il réalise donc en une seule lentille ce qui est énoncé ci-dessus : si on le place devant la correction portée ou sur la monture d’essai, il ne modifie pas l’équivalent sphérique de la correction en place.
Son utilité
Pour un œil présentant un astigmatisme conforme à la règle « physiologique » (chevauchement entre 0 et 1,25 ∂ à 90° au kératomètre de Javal) (figure n° 2), la plus grande probabilité est qu’il ne soit pas astigmate. Mais rien n’exclut qu’il le soit ; la probabilité est certes plus faible, mais elle est réelle. Celle pour qu’il soit astigmate conforme est d’autant plus grande que l’astigmatisme conforme antérieur de la cornée est plus proche de 1,25 ∂ et celle pour qu’il soit astigmate inverse, d’autant plus grande que l’astigmatisme conforme antérieur de la cornée est plus proche de 0 ∂ (figure n° 3).
Plus l’axe de l’astigmatisme antérieur de la cornée, dans le même ordre de grandeur, est oblique, plus la correction d’un léger astigmatisme s’avère souvent nécessaire. L’astigmatisme est sûrement à corriger, si l’astigmatisme antérieur de la cornée est conforme et supérieur à 1,25 ∂ ou s’il est inverse.
La méthode
Placer l’axe du cylindre :
• D’abord selon l’axe indiqué par la kératométrie ou la réfractométrie ;
• Le placer ensuite perpendiculairement à cet axe (figure n° 4) ;
• Selon la réponse du sujet :
¬ S’il ne perçoit pas de différence d’une position du cylindre à l’autre, il n’y a pas d’astigmatisme à corriger,
¬ S’il perçoit une différence, sa vision étant meilleure dans l’une des positions du cylindre, il existe un astigmatisme ; il devra être corrigé.
Pourquoi utiliser un cylindre de 0,50 ∂ ? Le test ne serait pas assez sensible avec un cylindre de 0,25 ∂ ; un cylindre plus fort fausserait la réponse du sujet par surcorrection en cas d’astigmatisme minime. Le cylindre de 0,50 ∂ est donc l’optimum pour que le test fournisse une réponse significative ; mais cela ne signifie nullement qu’il faille ensuite prescrire un cylindre de 0,50 ∂ !
Il reste en effet à déterminer la puissance de la correction cylindrique qui est nécessaire (la plus faible donnant la meilleure acuité visuelle) et à préciser l’axe du cylindre (voir exemple ci-dessous).
Pour déterminer avec précision l’axe selon lequel il convient de positionner le cylindre (en partant des indications de la kératométrie ou de la réfractométrie), utiliser le skiascope pour le test de la triple concordance (fente lumineuse du skiascope - axe du cylindre - lueur pupillaire) (figure n° 5).
Exemple :
Si pour un œil, la correction sphérique optimale est de + 2,0 ∂ et que la kératométrie a indiqué un astigmatisme de 1,0 ∂ à 80° (axe correspondant au chevauchement des images au Javal), il convient :
• D’essayer +1,75 (+0,50) 80°;
• Puis +1,75 (+0,50) 170° (axe perpendiculaire).
Si le patient ne voit pas de différence selon l’une ou l’autre position du cylindre, il n’y a pas d’astigmatisme à corriger ; si, au contraire, il voit mieux lorsque le cylindre est placé dans l’un des deux axes plutôt que dans l’autre, par exemple à 80°, il conviendra de rechercher et prescrire la correction optimale, en vérifiant si, en définitive, le sujet voit mieux avec :
• + 1,75 (+0,5) 80° ou + 2,0 (+0,50) 80° ?
• +1,75 (+0,25) 80° ou + 2,0 (+0,25) 80° ?
• +1,75 (+0,75) 80° ou + 1,50 (+0,75) 80° (moins probable dans l’exemple choisi) ?
Et si l’axe optimum est à 80°ou à ±5°, 10°, 15° de 80°(axe mesuré) ?
Conclusion
La méthode du cylindre de Jackson est l’un des principes fondamentaux de la réfraction subjective, que l’on se serve du cylindre de Monsieur Jackson ou que l’on préfère changer la correction placée sur la monture d’essai ou introduite dans le phoroptère (les réponses sont souvent plus fiables avec le changement de la correction sur la monture ou dans le phoroptère ; si l’on se sert du cylindre de Jackson, il faut veiller à ce qu’il soit bien centré et placé dans le bon plan et non plus ou moins incliné).
Date de création du contenu de la page : Juin 2010 / date de dernière révision : Décembre 2010