Mauvaise visibilité du reflet
En commençant la skiascopie avec le faisceau à la plus grande divergence, le reflet peut être mal visible. Il est donc difficile de constater si le mouvement est de même sens ou en sens inverse. Deux raisons sont probablement responsables de ceci :
- La première est une opacité des milieux transparents de l’œil ;
- La deuxième est une amétropie forte.
Le diagnostic différentiel entre ces deux étiologies peut être facilement fait au moyen de l’ophtalmoscope. Mais on peut également diagnostiquer la raison de ce phénomène au moyen du skiascope. En poussant le manche du skiascope vers le haut, on réduit la divergence du faisceau et on arrive à observer le reflet de l’aire pupillaire. Si la cause de la mauvaise visibilité du reflet est une forte hypermétropie, le reflet devient plus étroit, plus lumineux et plus clair (renforcement). Si la cause en est une forte myopie, en diminuant la divergence du faisceau on ne renforce pas le reflet mais, si on continue à pousser le manche du skiascope vers le haut, le faisceau sera convergent et on verra apparaître sur l’aire pupillaire un reflet clair et étroit, effectuant un mouvement de même sens.
La présence d’une forte amétropie peut être confirmée en mettant devant l’œil des lentilles d’essai, positives ou négatives, de forte puissance. S’il y a une forte amétropie une des lentilles va rendre le reflet visible et son mouvement perceptible. Cette lentille pourra être utilisée ensuite comme point de départ pour la poursuite de la procédure de neutralisation.
Aberration sphérique
L’aberration sphérique du système optique de l’œil est souvent responsable des difficultés dans la détermination du point neutre. Les rayons émergeant de la périphérie de l’aire pupillaire sont plus réfractés et convergents. De ce fait, ils se concentrent en un point plus proche de l’œil que ne le font les rayons centraux (figure n° 1, A). En raison justement de cette aberration sphérique il est possible que l’examinateur, en arrivant au point neutre, observe un mouvement en sens inverse sur la périphérie de l’aire pupillaire et un mouvement de même sens au centre (figure n° 1, B). Ce phénomène est plus intense quand la pupille est dilatée. Dans ce cas, l’examinateur doit porter son attention sur le centre de l’aire pupillaire.
Le phénomène d’aberration sphérique peut être assez intense même dans des situations normales, mais il peut être exagéré dans des situations pathologiques. Par exemple, quand il y a une sclérose du noyau du cristallin, on observe un mouvement en sens inverse du centre de l’aire pupillaire et un mouvement de même sens sur la périphérie, alors que la différence des deux zones, peut être de plusieurs dioptries.
L’aberration sphérique et l’aberration chromatique ainsi que la profondeur du foyer donnent une certaine largeur au point neutre qui est, en fait, une zone d’incertitude avant que le mouvement de sens inverse apparaisse. La zone neutre est moins large quand la pupille n’est pas très dilatée. La largeur de la zone neutre est également diminuée quand la distance de travail est courte, mais l’erreur probable sera plus grande si la distance de travail n’est pas constante.
On a déjà noté qu’en présence d’une aberration sphérique on doit porter notre attention sur le centre de l’aire pupillaire. Mais s’il existe une grande difficulté dans la détermination du point neutre, une règle simple est celle de se considérer au point quand un mouvement de même sens est à peine visible (figure n° 1, C).
Reflet irrégulier
Parfois le reflet est très irrégulier. Sur l’aire pupillaire, des reflets différents se déplaçant dans des directions diverses peuvent coexister. On peut observer un mouvement de même sens sur quelques points de l’aire pupillaire et en sens inverse sur d’autres. Ces phénomènes sont dus en général à un astigmatisme irrégulier et rendent la pratique de la skiascopie difficile voire impossible. Dans ces cas, l’examen réfractif est en principe fondé sur des examens subjectifs.
Un phénomène, pas très rare, s’observe plus fréquemment sur le méridien vertical près du point neutre. C’est le « reflet en ciseaux » (figure n° 2, A). Quand ce phénomène se produit, deux reflets en forme de bande apparaissent sur l’aire pupillaire. Ils s’approchent ou s’éloignent l’un de l’autre comme deux lames de ciseaux. La détermination du point neutre, quand il y a un « reflet en ciseaux » est difficile, mais elle peut être faite approximativement par une lentille qui réussit à faire rencontrer les deux reflets au centre de l’aire pupillaire. Il est recommandé d’éviter les dilatations maximales et de porter son attention sur le centre de l’aire pupillaire.
Le « reflet en ciseaux » peut être observé sur une cornée d’apparence normale. C’est pourtant un phénomène fréquent s’il y a des cicatrices sur la cornée. Dans ce cas, les deux lames de ciseaux proviennent de l’aire de la cicatrice.
Kératocône
Pour un kératocône débutant, le reflet peut présenter des déformations curieuses comme dans les cas d’astigmatisme irrégulier. À des stades plus avancés du kératocône, le reflet prend souvent la forme d’anneau sur l’aire du sommet du kératocône (aspect de goutte d’olive). Durant le mouvement du faisceau du skiascope au sommet du cône, on observe un mouvement intense en sens inverse, tandis qu’une ombre triangulaire (ou reflet) apparaît. Cette dernière semble tourbillonner autour du sommet du cône (figure n° 2, B).
Date de création du contenu de la page : Juin 2010 / date de dernière révision : Décembre 2010