Cahiers de Sensorio-Motricité
Alexandros Damanakis — Athènes
La skiascopie
Version 1.0
Éditeurs (2 007) : A & J Péchereau
Avertissement
Alain Péchereau
À l’ouvrage initial, deux chapitres ont été ajoutés :
- « Optique d’un verre ophtalmique », page ix à xii ;
- « La formule skiascopique », pages xiii à xvi.
Ces chapitres ont été rajoutés pour les lecteurs qui ne sont pas habitués à l’optique des verres et au principe de la formule skiascopique. Une parfaite maîtrise de ces deux chapitres paraît indispensable avant de commencer la lecture de l’ouvrage.
Préface
Alain Péchereau
Il n’existe aucun livre français sur cette méthode exceptionnelle qu’est la skiascopie. Aujourd’hui (2), seul le chapitre du professeur André Roth (1) dans le polycopié sur la réfraction de l’école d’Orthoptie de Nantes est facilement accessible pour le lecteur francophone. « Rappelons que la skiascopie est un procédé de mesure de la réfraction de l’œil. Il a été inventé par Cuignet, ophtalmologiste militaire français en poste à Lille en 1 873. « Skia » (σκια) signifie « ombre » en grec ; le même terme est utilisé en allemand, alors qu’en anglais on parle de « retinoscopy ». (1) » Les réfractomètres automatiques sont pour nombre d’entre eux basés sur les principes de la skiascopie. On peut, d’ailleurs, regretter qu’ils ne s’appellent pas skiascope électronique ou automatique pour des raisons d’exactitude mais également pour rendre hommage à notre collègue.
Certains doivent considérer qu’écrire un livre sur un tel sujet est totalement désuet du fait de l’apparition des réfractomètres fixes et portables dont l’efficacité et la précision n’ont fait qu’augmenter ces dernières années. Il n’en est rien pour deux raisons :
- Une raison pratique. Même dans un cabinet parfaitement équipé, il existe des circonstances rares mais non négligeables où cette méthode reste toujours indispensable. De même, dans certaines situations d’incohérence entre les données automatisées et les données subjectives ou dans les réfractions trop complexes pour les réfractomètres automatiques, la skiascopie garde sa parfaite pertinence. Par ailleurs, le coût d’une installation devient telle que l’intérêt de parfaitement maîtriser la skiascopie est d’un grand secours.
- Une raison intellectuelle. La parfaite maîtrise des principes théoriques de la skiascopie est indispensable à la maîtrise de la réfraction. Nous avons vécu une époque où la tradition d’un enseignement encyclopédique laissait à penser que les fondamentaux de la réfraction étaient acquis par l’immense majorité des professionnels de la vision. Il faut bien reconnaître que dans notre époque de savoir éclaté, on est parfois très surpris par l’existence de lacunes pour le moins béantes chez certains professionnels de la vision que l’on croyait pour le moins averti ou qui le laissaient paraître. La maîtrise de la skiascopie est un exercice de modestie qui permet de mettre en place les bases de la réfraction. Ces bases accompagneront sans faillir le jeune ophtalmologiste ou le jeune orthoptiste pendant tout son exercice professionnel. On ne peut que lui recommander de faire cet effort pour en avoir une parfaite maîtrise quel que soit son projet professionnel.
Mais revenons à l’ouvrage d’Alexandre Damanakis. Celui-ci est une perle rare. L’auteur a su être concis, simple mais non simpliste. Il détaille avec une remarquable précision, la démarche skiascopique, à la fois sans faille et sans excès. Il nous livre là un petit bijou qui a laissé plus d’un expert de la skiascopie admiratif. Car, même des maîtres reconnus de la skiascopie, ont appris des détails pertinents sur cet examen qu’ils avaient pratiqué plusieurs dizaines de milliers de fois. Remercions vivement Alexandre Damanakis pour cet ouvrage remarquable. Remercions également Ioannis Papaefthymiou d’avoir assuré la traduction qui nous permet d’en bénéficier.
Référence
- Roth A. La skiascopie. Polycopié de l’école d’Orthoptie de Nantes : « La réfraction ». Ed A & J Péchereau, 2 006, p20-25, en téléchargement libre sur le site www.strabisme.net
- Roth A. La skiascopie. « La réfraction de l’œil ». Ed Elsevier, 2 008.
Les références de cet ouvrage sont les suivantes : « Damanakis A ». « La skiascopie ». Ed A & J Péchereau. Nantes, 2 007, « pages 66 ».
Les opinions émises dans le présent ouvrage doivent être considérées comme propres à leurs auteurs. L’éditeur n’entend leur donner aucune approbation ou improbation.
NB. Les erreurs ou les fautes étant consubstantielles à l’exercice de l’édition, n’hésitez pas à les signaler au webmaster par l’intermédiaire du site :
http://www.larefraction.net ou en écrivant à :
webmestre@larefraction.netTable des matières
Optique d’un verre ophtalmique ix
Alain Péchereau
Les verres sphériques unifocaux ix
Les verres cylindriques unifocaux x
Les verres astigmates xi
La formule skiascopique* xiii
Alain Péchereau
La distance verre-œil xiii
La sphère xiii
Le cylindre xiv
Principes généraux xiv
Le calcul de la correction optique xiv
Intérêts de la formule skiascopique xvi
Formule de base de tous les éléments de la réfraction xvi
Équivalence entre les formules positives et négatives xvi
Le skiascope 3
Fente lumineuse et reflet 5
Caractéristiques spécifiques du reflet 6
Le sens du mouvement 7
La largeur du reflet 7
Luminosité du reflet 9
Vitesse du reflet 10
Estimation approximative de l’amétropie 11
Renforcement du reflet (en cas d’hypermétropie) 11
Localisation du punctum remotum (en cas de myopie) 11
La neutralisation 13
Détermination de l’axe de l’astigmatisme 15
L’importance de la neutralisation 16
Le mouvement du reflet de même sens 17
La procédure de neutralisation 19
Contrôle de la fixation et de l’accommodation 19
La distance de travail 19
Skiascopie par des sphères 20
Skiascopie par sphère et cylindre 23
Les difficultés spécifiques de la skiascopie 25
Mauvaise visibilité du reflet 25
Aberration sphérique 25
Reflet irrégulier 27
Kératocône 27
Exemples 29
Exemple 1 : Emmétropie & hypermétropie faible 29
Exemple 2 : Hypermétropie forte 29
Exemple 3 : Astigmatisme hypermétropique simple 32
Exemple 4 : Myopie forte 33
Exemple 5 : Hypermétropie et astigmatisme oblique 35
Exemple 6 : Myopie et astigmatisme 35
Exemple 7 : Astigmatisme mixte 38
Vérification subjective des résultats skiascopiques 39
Mesure de l’acuité visuelle 39
Vérification et réglage de la puissance et de l’axe du cylindre (« cylindre croisé ») 39
Contrôle de l’axe de l’astigmatisme 40
Contrôle de la puissance du cylindre d’essai 42
Contrôle final et réglage de la sphère 43
Avant-propos du traducteur
Ioannis Papaefthymiou
Cette traduction a été réalisée dans le cadre du Diplôme Universitaire de Strabologie de l’Université de Nantes.
Je tiens à exprimer ma reconnaissance à Monsieur le Professeur Alexandros Damanakis d’avoir bien voulu me confier la traduction de son ouvrage.
Je voudrais remercier infiniment Monsieur le Professeur Alain Péchereau qui m’a autorisé à présenter ce travail sous forme de mémoire de Diplôme Universitaire de Strabologie.
Avant-propos de l’auteur
Alexandros Damanakis
Nombreux sont ceux qui peuvent se demander si la rédaction d’un livre sur la skiascopie est justifiée à l’heure actuelle, étant donné l’usage répandu des réfractomètres automatiques.
Cette question peut être posée à propos non seulement de la skiascopie mais aussi de la plupart des branches de la médecine contemporaine. L’automatisation et la technologie des ordinateurs font déjà partie intégrante du diagnostic contemporain. De plus, il serait impardonnable de ne pas reconnaître l’énorme apport de cette science aux progrès considérables que la médecine a effectués pendant ces dernières années. Mais c’est en même temps une grosse erreur de laisser tomber en désuétude dans l’euphorie des possibilités offertes par la technologie contemporaine des techniques conventionnelles dont les possibilités ne sont pas encore dépassées.
Il n’y a aucun doute là-dessus ; la skiascopie n’est pas un domaine dépassé. Aucun réfractomètre automatique n’est plus précis que la skiascopie, ni aussi rapide que la skiascopie pratiquée par un médecin expérimenté. C’est d’ailleurs un fait que la skiascopie est la seule méthode disponible d’examen de nourrissons et d’enfants de bas âge qui, par définition, ne peuvent collaborer.
En outre l’immédiateté de la skiascopie donne à l’examinateur une certitude concernant le résultat, qu’aucun bout de papier sortant d’une machine ne peut lui offrir. Cette insécurité et l’incertitude concernant la précision de la mesure sont ressenties par tous ceux qui ont utilisé un réfractomètre pour examiner un enfant de bas âge (qui ne collabore pas forcément durant l’examen) et qui ont vu sur le papier de l’imprimante des chiffres inattendus. Doivent-ils prescrire à l’enfant ces lunettes ? Doivent-ils préférer réexaminer l’enfant ultérieurement, quand ce dernier sera en mesure de mieux collaborer (mais au prix d’une perte probable de temps précieux pour la thérapie d’une amétropie anisométropique) ? Ou bien doivent-ils adresser l’enfant chez quelqu’un qui connaît la skiascopie en vue d’une vérification ?
Alors que nous sommes tous éblouis par les ordinateurs, j’ai été attiré par l’idée d’utiliser les possibilités impressionnantes de ces derniers, non pas pour remplacer une technique traditionnelle (mais très utile), mais pour l’apprendre plus facilement.
Ce livre ne contient pas tout ce qui peut être écrit sur la skiascopie. Il ne contient ni théories ni diagrammes compliqués, étant donné leur petit apport à l’apprentissage d’une technique, qui dépend plus de l’expérience et de l’entraînement que de la théorie.
Un praticien qui a de l’expérience dans le domaine de la skiascopie se distingue de celui qui n’en a pas sur un point important : familiarisé avec la morphologie du reflet, qu’on observe sur l’aire pupillaire pendant la skiascopie, ainsi qu’avec la procédure de neutralisation, il avance d’un pas rapide et stable vers l’objectif qu’est le point neutre. Avec un peu plus d’expérience, il est possible d’estimer approximativement le degré de l’amétropie ; cette possibilité offerte par la skiascopie est d’une importance capitale pour l’examen réfractif des nourrissons et des enfants de bas âge incapables de collaborer.
Le but de ce livre est de se substituer, dans la mesure du possible, à cette expérience dont manque le praticien peu familiarisé avec la skiascopie, par la représentation du reflet durant les différents stades de la procédure de neutralisation, et d’offrir une technique et une procédure modèle dont je pense qu’elles donnent les résultats les plus précis et les plus rapides.
Date de création du contenu de la page : Juin 2010 / date de dernière révision : Décembre 2010