Le test rouge/vert Charles Rémy
Introduction

Le test rouge vert est utilisé en réfraction subjective pour affiner la correction optique. Il consiste à montrer les tests de lecture, ou optotypes, successivement sur un fond rouge puis vert et à demander au sujet de dire dans quelle plage il voit mieux.
Le test rouge vert est praticable chez les dichromates (daltoniens)
; en effet il ne dépend pas de la perception colorée mais de la différence de focalisation des radiations rouge et verte.
Les pigments rétiniens sont répartis inégalement
:

Les cônes « rouges » (pigment porté par le chromosome X) absorbent au maximum vers 565 nm; la longueur d’onde du rouge est de 650 nm.
Les cônes « verts » (pigment porté par le chromosome X) absorbent au maximum vers 540 nm; la longueur d’onde du vert est de 510 nm.
Les cônes « bleus » (10 %, pigment porté par le chromosome 7) absorbent au maximum vers 420 nm; la longueur d’onde du bleu est de 470 nm.

NB. Les maxima d’absorption ne correspondent pas aux longueurs d’onde des couleurs concernées. Il y a peu d’écart d’absorption entre les cônes rouges et verts: une explication serait de permettre une meilleure stéréoscopie en focalisant les composantes rouges et vertes des images dans la même zone d’épaisseur rétinienne, ce qui ne sera pas le cas des cônes bleus moins nombreux.

Principe

La pratique du test rouge/vert repose sur le principe de la décomposition de la lumière par un prisme. En effet la lumière blanche du spectre visible est décomposée par la lumière en différentes couleurs. Ces différentes couleurs convergent à des distances différentes. Les rouges vont plus loin que les bleues.
Il existe des variations de la focalisation du rayon en fonction de la longueur d’onde
: le rayon rouge (650 nm) focalise le plus loin, le vert (510 nm) le plus près (figure n° 1).
Le pouvoir dispersif d’un matériau transparent se définit par
: K (nrouge - nbleu)/(njaune -1), avec en général 1/50 < K < 1/30; son inverse s’appelle la constringence (tableau n° 1).
Le spectre visible est compris entre 400 et 800 nanomètres (nm) et se décompose en différentes couleurs (tableau n° 1).

Application à l’œil

Ce principe appliqué à un œil emmétrope montre que la radiation rouge focalise en arrière et la rétine et la verte en avant, et la jaune sur la rétine (figure n° 2).
Ainsi un œil légèrement myope, car trop long, verra mieux les lettres sur fond rouge (figure n° 3) et un œil hypermétrope les lettres sur fond vert.
La correction exacte de l’œil myope a pour but de replacer le conjugué de son remotum qui est en avant de sa rétine sur sa rétine (figure n° 4)
; dans ce cas la radiation moyenne jaune focalise sur la rétine, la rouge en arrière et le vert en avant.
En cas de sous correction d’un myope, la radiation rouge atteint la première la rétine, la verte focalisant très en avant
; dans ce cas, le myope sous corrigé verra mieux les tests rouges (figure n° 5).
En cas de sur correction (figures n° 6 & 7), c’est la radiation verte qui focalise sur la rétine, la rouge focalisant plus en arrière dans l’espace hypermétrope.

Étude critique du test rouge/vert

La pratique d’un test rouge vert exige une mise au repos de l’accommodation, donc théoriquement une cycloplégie; en effet si le sujet accommode, il majore artificiellement sa myopie, et il y a risque de surcorrection.
La méthode s’appliquera plus facilement chez l’amétrope connu et volontiers plus âgé.
Elle sera source d’erreur chez l’hypermétrope méconnu qui spasme conduisant à une sous-correction.
Enfin elle doit s’intégrer aux autres méthodes dans une batterie de tests (brouillard…).

Conclusion

Citons quelques applications des verres colorés en ophtalmologie médicale:

• Diagnostique: le test rouge/vert dépistant les sur et sous corrections des amétropies;
• Thérapeutique
:
¬ Verres correcteurs marron chez les myopes,
¬ Les verres verts chez les hypermétropes,
¬ Bleus ou jaunes dans le nystagmus idiopathique avec ou sans dyschromatopsie.

Date de création du contenu de la page : Juin 2010 / date de dernière révision : Décembre 2010