Réfraction de l'Enfant : Introduction Guy Clergeau
La plupart des livres consacrés à la réfraction ont généralement 2 grands objectifs :
  • D’une part, rappeler les bases fondamentales du fonctionnement du dioptre oculaire, ses défauts et les principes optiques permettant leur correction.
  • D’autre part, décrire la démarche clinique et instrumentale dans la mesure des paramètres oculaires et de leurs conséquences visuelles, ainsi que dans le choix de la correction optique optimale.
N’ayant aucun élément supplémentaire à apporter sur ces sujets parfaitement traités, nous avons seulement voulu faire part ici d’une expérience de 30 années dans un domaine plus limité qui est celui du statut réfractif de l’enfant au travers des différentes étapes de sa vie. Au fil du temps, le cumul de nos données skiascopiques nous a amenés à nous interroger sur le passé, le présent et l’avenir de l’œil anatomique et fonctionnel.
La première partie de ce livre traite de l’ensemble des éléments descriptifs, diagnostiques et analytiques concernant les paramètres optiques. Nous avons en effet pu constater que si la plupart des auteurs se pliaient à des règles rigoureuses pour mériter le droit de publication, il existait par contre un certain individualisme dans le choix des critères réfractifs avec comme conséquence une difficulté certaine à exprimer des résultats standards servant de base aux comparaisons. La pharmacologie et la description des différentes méthodes d’examen expliquent en partie une certaine disparité dans les résultats.
La seconde partie concerne le cœur même de notre propos, en envisageant tour à tour les différentes étapes de l’évolution réfractive depuis la naissance jusqu’à la fin de la scolarité primaire. Chaque fois que possible nous avons confronté nos résultats à ceux de la littérature en essayant de mettre en évidence les problèmes que nous considérions comme non résolus. Deux aspects particuliers nous ont également largement retenus : la réfraction du strabique et celle du prématuré.
La troisième partie est un aboutissant inéluctable des constats précédents. L’emmétropisation qui est considérée comme un des modèles de l’adaptation physiologique optimale d’un organe pour une fonction particulièrement pointue, est apparue présenter une fréquence très significative d’anomalies. Les données statistiques montrent de façon incontestable que l’emmétropisation intéresse très préférentiellement les réfractions initialement physiologiques et ne résout pas le plus souvent le problème des fortes amétropies. On constate également qu’il existe depuis plusieurs décades une dérive myopique d’un certain nombre de populations sans que les facteurs environnementaux et la génétique n’apportent d’explication claire à ce phénomène.
Enfin dans la quatrième partie, nous nous sommes intéressés à l’impact social des troubles réfractifs. Nous avons précisé à nouveau la notion de facteurs de risque par rapport à l’amblyopie et au strabisme, mais aussi aux troubles fonctionnels dans leur ensemble, pour constater qu’il existait au moins sur ce point un consensus général. Les indications et les modalités de correction prêtent déjà beaucoup plus à la confusion. Le chapitre final traitant du dépistage a été la façon la plus logique de fermer la boucle. C’était en effet notre objectif affiché lorsque dès 1 978 nous avons proposé dans notre secteur sanitaire de réaliser un examen systématique sous cycloplégie lors de l’examen obligatoire du 9e mois. Il nous a fallu un certain nombre d’années pour prendre conscience de notre naïveté quant aux possibilités d’exporter une telle idée ! En effet 30 ans plus tard, le problème reste en stand-by en dépit des importantes recommandations de l’ANAES et de l’INSERM. L’organisation du dépistage précoce systématique est plus que jamais soumise aux aléas de l’économie et de la démographie médicale. Notre participation personnelle aura au moins été de tenter d’attirer l’attention sur l’actualité pérenne du problème.

Date de création du contenu de la page : Juin 2010 / date de dernière révision : Décembre 2010