La Réfraction : les montures de lunettes Jean-Pierre Barberie
Pour adultes et enfants

Introduction

Une paire de lunettes est un ensemble indissociable composé de verres et d’une monture, c’est-à-dire d’un système correcteur et d’un support dont la finalité est le mieux voir donc le mieux vivre.

Les montures pour adultes

La mise au point de cet objet d’une apparente simplicité a pris sept siècles. De nos jours ce produit est la résultante d’études (dessins, morphologie des visages, matériaux) de haute technologie (CAO, maquettes, automatisation du matériel) et d’esthétique influencée par la mode, les créateurs, les utilisateurs et parfois les professionnels.

Finalité du produit

Ce produit fini doit répondre aux exigences de l’ophtalmologiste, de l’opticien mais surtout de l’amétrope qui devra intégrer la monture de ses lunettes dans son schéma corporel. C’est par cette appropriation que l’on réussira le bon équipement optique.

Comment réussir ce challenge

Pour bien équiper un amétrope et donc bien choisir ses montures de lunettes, il faut respecter des règles qui sont par ordre d’importance:

• Priorité a la vue;
• Respect de la technique et du confort
;
• Souci de l’esthétique du porteur.
La vue d’abord:

Pour conseiller le porteur de verres correcteurs dans le choix de sa monture de lunettes, l’opticien (figure n° 1. A: Mauvais choix - B: Bon choix) doit impérativement connaître:

• L’amétropie du porteur;
• La puissance des verres
;
• Le type de verres
;
• Les exigences visuelles.
La technique et le confort

La diversité des formes et des matériaux existants en lunetterie permet à l’opticien de répondre aux critères techniques du bon choix qui sont:

• La bonne position du verre (distance verre œil);
• La correspondance axe verre/axe-optique de l’œil
;
• La stabilité des montures par un bon équilibre sur les 3 points d’appui (nez - oreilles)
;
• La recherche du matériau le plus léger et le plus résistant en fonction de l’utilisation et de l’utilisateur.
L’esthétique

Très sensible au rôle de l’image que nous voulons donner de nous, il est évident que ce paramètre est d’une importance capitale dans le choix des montures. Néanmoins, il ne faudra pas que ce critère l’emporte sur les deux premiers.
L’approche dans ce domaine esthétique se fera par
:

• La recherche d’harmonie avec la forme et le volume du visage;
• Le bon rapport entre l’écart des yeux et celui de la monture
;
• La non-accentuation des caractéristiques du visage (rond, carré, triangulaire etc.)
;
• Le rapprochement des courbes en particulier de la ligne de sourcils par rapport à la barre frontale de la monture
;
• Le respect de la valeur « lunettes  » pour le porteur qui souhaite extérioriser (couleurs vives, formes sophistiquées) ou intégrer (couleurs discrètes, simplicité des formes) son équipement optique.

Dans tous les cas, il faudra aider, conseiller mais ne pas dicter le choix ni le provoquer ce qui ne veut pas dire qu’il faut laisser toute liberté de choix. En effet, un professionnel de la vue n’a pas le droit de cautionner un choix de montures (vue, technique, look) qui ne permettrait pas d’obtenir le but recherché, c’est-à-dire: mieux voir ou assurer le bon développement visuel.

Les montures pour enfants
Une évidence

Le visage de l’enfant est différent du visage de l’adulte. Les données physiologiques de l’enfant sont différentes de celles de l’adulte par conséquent, les montures de lunettes pour enfants doivent être différentes des montures de l’adulte. Cette évidence n’est devenue réalité qu’en 1970 par la création d’une collection de montures spécialement étudiées pour permettre de réaliser un équipement optique adapté:

• Aux besoins visuels de l’enfant;
• Au confort de l’enfant
;
• À l’esthétique de l’enfant.
La vue d’abord
La surface du verre

La surface du champ de regard de l’enfant est sensiblement identique à celle de l’adulte. La seule différence porte sur le cadran inféro-nasal qui est légèrement plus grand que celui de l’adulte et ce en raison de la moindre projection de l’appendice nasal (figure n° 2).
Pour cette même raison, c’est-à-dire la moindre projection de l’appendice nasal, la distance du verre à l’œil qui est réduite à 8 mm contre 14 mm pour un adulte permet de réaliser des montures avec une ouverture de calibre plus petite mais qui cependant couvre la totalité du champ de regard monoculaire, qui est un angle de 90° (figure n° 3).

Position du verre

Il fait toujours référence au champ de regard et à la relation avec le dessin des montures pour enfant.
On peut constater que la zone la plus utilisée en vision éloignée se trouve dans la partie supérieure du champ de regard. La raison en est l’obligation pour l’enfant de regarder un environnement situé plus haut que lui, puisque correspondant à celui du monde des adultes. Les montures devront donc couvrir cette zone supérieure et ce d’autant plus que l’enfant est petit (figure n° 4).

Champ binoculaire

Enfin, pour respecter le champ binoculaire et ne pas pénaliser la zone où s’établit la liaison accommodation - convergence de l’enfant, il est impératif que le pont des lunettes soit étroit afin de rapprocher le plus possible les deux oculaires de la monture.

La technique et le confort

Le bon sens et le respect des énoncés précédents nous permettent d’affirmer qu’avant 5 à 6 ans, il est interdit d’équiper un enfant avec des montures métalliques car sous une apparente solidité ce matériau se déforme plus facilement à l’usage. De plus, en cas de chute ou de choc frontal, les traumatismes sont sévères. Mais notre prise de position vient surtout de la constatation qu’avec ce type de montures l’enfant peut regarder par-dessus le verre correcteur, ce qui rend inefficace le traitement proposé par l’ophtalmologiste.
Pour les petits, la monture idéale sera donc en acétate de cellulose avec un pont bas qui assure le bon positionnement des lignes de regard tout en évitant le contact avec le rebondi des joues (figure n° 5).
Pour les nourrissons, ce pont sera équipé d’un coussin en silicone qui va empêcher la monture de glisser mais aussi d’éviter tout traumatisme en cas de choc. Cependant, les montures trop souples sont à bannir
: mauvaise tenue des verres, mauvais positionnement des verres (projections différentes OD/OG). Quant aux branches, elles seront placées dans l’alignement ou légèrement en dessous de la ligne des centres. Ces branches seront plates et thermoformables pour les nourrissons (figure n° 6) ou bien, pour les petits, suffisamment longues pour permettre un ajustage par périvistage (figure n° 7) avec soit un ruban ou un élastique de maintien. L’apport des charnières à ressort revêtues de protection caoutchoutée ne pourra qu’augmenter la résistance aux chocs et aux déformations tout en limitant les risques d’accidents.

L’esthétique

Faire porter des lunettes à un enfant n’est jamais bien vécu, ni par les parents ni par l’intéressé. Il faudra à l’ophtalmologiste et à l’opticien quelque talent de psychologue pour convaincre les parents des tout-petits de l’intérêt du port constant et assidu des lunettes. L’identification avec un bambin mannequin présenté sur une photo-poster, facilitera l’acceptation des lunettes surtout par les parents. L’aspect ludique (branches et faces différentes) et en particulier le jeu des couleurs ou la coloration personnalisée faite par l’enfant, seront autant d’artifices qui permettront le port des lunettes garantissant ainsi l’efficacité du traitement médical.

Date de création du contenu de la page : Juin 2010 / date de dernière révision : Décembre 2010